LA CARTE DE VOEUX AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Publié le par HAGER Christian

Décembre 1982, entre Noël et Nouvel an : le personnel civil de l'ERM de Gresswiller est en vacances et les seuls présents sont les cadres militaires. Il n'y a pas grand chose à faire et c'est l'occasion de boire des bières ( j'ai un bar clandestin). Je suis dans mon bureau avec mes potes : Robert, l'opticien, Chute, le transmetteur ( 6 ème promo Issoire), Yvetounet, atelier PL et Tapinus, mon adjoint. Nous parlons de tas de choses. On est chaud et on a bu déjà pas mal de bibines. Soudain la discussion en vient aux cartes de voeux. Je ne sais pas pourquoi, mais un pari est lancé : une tournée si je suis capable d'adresser une carte de voeux au Président de la République de l'époque : François Mitterrand. Je ne suis pas un dégonflé et je relève le pari. Yvetounet va chercher une carte de voeux et un timbre au foyer du soldat. Il revient avec et me la tend. Je prends un stylo et j'adresse mes voeux au président de la République. Je signe avec le tampon encreur " Chef d'atelier NBC-I" et ma signature. Robert, l'opticien, prend la carte et c'est lui qui la postera à Molsheim. Yvetounet paie sa tournée et nous continuons à boire des bières. On a un moral d'enfer. Le réveillon du 1 Janvier se déroule sans problème. Nous sommes en 1983. Trois semaines plus tard, vers le 20 janvier, 7 h 30, début du travail, le téléphone sonne. C'est très rare de recevoir un appel téléphonique si tôt. Je décroche. C'est le Big Boss, le Colonel B., il veut me voir immédiatement. " Putain, je me dis, il y a un problème quelque part et ça doit être sérieux pour que le patron me téléphone en personne de si bonne heure ! " Je fais une rapide enquête , mais apparemment RAS : tout roule. Je me rends chez le Colonel en tendant le dos et en me demandant qu'est-ce qui va me tomber dessus. La secrétaire du Colonel me dit : "Vous pouvez entrer, le Colonel vous attend". J'entre dans le bureau du big boss. Je salue réglementairement et je reste au garde à vous. Le Colonel B. est avec son adjoint, le Lt Colonel G., il me demande de me mettre au repos et la conversation débute :  " Bonjour, mon Adjudant Chef, comment allez vous ? - Bien, mon colonel. - Vous avez des relations ? - Euh... comme tout le monde mon Colonel. - Pas tout à fait comme tout le monde, je me suis permis d'ouvrir une lettre qui était adressée au chef d'atelier NBC-I. Je l'ai ouverte parce qu'elle n'était pas nominative et que c'est moi le chef de votre atelier." ( Je ne comprends rien du tout et je me demande où le Colonel  veut en venir. En ce qui me concerne, la fameuse carte de voeux était déjà aux oubliettes de l'histoire). " Je constate que vous êtes intime du Président de la République et qu'il vous adresse ses bons voeux!" ( putain de con, je pense, c'est pas vrai) et la carte que vous avez reçue, n'est pas imprimée, mais elle est écrite avec l'encre d'un stylo plume. Tenez, voici votre carte ! Bonne journée mon Adjudant chef ! " Cette carte ne m'a pas causé d'ennuis, bien au contraire. Une précision, c'était une carte imprimée et elle n'était pas écrite à l'encre. Je présume que le Lt Colonel G. avait volontairement induit le patron en erreur. J'en ai d'ailleurs reparlé avec le sourire quelques années plus tard avec ce dernier, Je voyais souvent le Lt Colonel G. au Parlement européen, lorsqu'il était assistant parlementaire du député alsacien et ministre F. L . et il se rappelait de la fameuse lettre.

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