Champion de France de Boxe militaire

Je travaillais sur un site sensible, au sein d'une équipe de Sécurité plutôt musclée. J'étais  Charlie 2 et adjoint au chef d'équipe Charlie 1. Dans notre équipe, il y avait un agent, Charlie 7, prénommé O. qui s'était engagé à 18 ans pour une courte période dans l'armée de terre. O. avait la nostalgie de cette période militaire. Il nous contait ses exploits et ceux-ci étaient nombreux. Et peut-être essayait-il de m'impressionner, car il savait que j'avais été adjudant chef. O. se prétendait ancien champion de Boxe militaire. Il est vrai qu'il était costaud et qu'il impressionnait. Il affirmait qu'il avait à son actif de boxeur 33 victoires par KO. Je n'étais pas dupe, mais je le connaissais suffisamment pour savoir qu'il était dans ses rêves  et qu'il s'inventait un passé. Un jour, il me dit : " Christian, c'est reparti, je vais à nouveau faire de la compétition de boxe, en amateur, cette fois. Est-ce que je peux utiliser la salle de sport pour m'entrainer pendant les pauses quand je serai en vacation de nuit ?" Eh oui, pour impressionner le chaland et même un collègue, tout est permis. J'en parle à Charlie 1 qui donne son accord et qui me fait un clin d'oeil. " C'est bon O., Harry est d'accord et tu as de la chance, c'est lui, qui supervisera ton entrainement avec Régis (C3)." Et c'était parti pour des entrainements d'enfer. O. souffle, saute à la corde, tape sur le punching-ball, fait des pompes, monte à la corde, soulève des kilos et des kilos de fonte. Le rythme est insoutenable. Il se retrouve à la limite de l'apoplexie et de l'asphyxie. Il est rouge écrevisse et il n'en peut plus. Harry le soumet à un entraînement intensif et surréaliste. De quoi faire un vrai champion de boxe capable de gagner 10 rounds d'affilés. Après 3 semaines d'efforts démesurés, O. n'en peut plus, il se rend, capitule et hisse le drapeau blanc. Il prétend qu'il s'est déchiré un muscle et qu'il est obligé d'arrêter momentanément l'entraînement. Je rigole. Il faut dire que Harry n'est pas n'importe qui, il était capitaine de l'équipe de rugby de Roumanie lorsqu'elle a battu le XV de France en 1990. Et encore O. a eu de la chance, il a évité Mario L. qui est venu un peu plus plus tard et qui, lui, était un authentique champion d'Europe de Boxe. Sacré O. ! Je me souviens d'une de ses visites à Obernai : il m'avait vidé une bouteille de whisky en moins d'une heure et il était tout ce qu'il y a de plus clean. Et quand on avait fait la tournée des bars, sauve qui peut, personne ne bronchait en écoutant ses exploits guerriers et imaginaires. J'ai fait aussi quelques mémorables parties de pêche avec lui que je raconterais sans doute une jour...

Moi avec Harry